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Xavier Grémillet, ancien Président du GMB, vient de démissionner du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN). Il en explique les raisons dans le courrier qu’il a envoyé au Président du CSRPN (ci-dessous). Le Conseil d’Administration et les salariés du GMB soutiennent sa position et remercient Xavier pour son engagement de toujours pour la Nature.

M. le Président,

Depuis plusieurs réunions de CRSPN, je suis rongé par des tergiversations qui ont retardé la décision que je m’apprête à vous exposer.

Initialement, en intégrant le CSRPN, je pensais pouvoir participer efficacement, dans la limite de mes compétences, à une évolution positive de la Protection de la Nature en Bretagne via des mises en œuvre de politiques et de réalisations tangibles de Protection de vastes écosystèmes (et non de simples confettis pour maintenir quelques stations d’espèces rares, voire faire du jogging ou de la rando dans un cadre naturel). J’espérais que le CSRPN avait la capacité et les moyens d’améliorer de manière tangible la protection des espèces et des habitats. Mais, un sentiment d’impuissance m’écrase lors des réunions : les décisions du CSRPN ne changent en rien l’évolution négative des écosystèmes naturels, détruits sans réelles limites, morcelés, dénaturés, etc… par l’urbanisation, l’agro-business, le tourisme, etc… Les avis du CSRPN n’interviennent que sur des confettis de surfaces fortement dénaturées. Le CSRPN n’a de fait aucun pouvoir tangible d’intervenir sur les politiques d’aménagement du territoire. Ainsi, son action sur la « nature » est limitée à un espace disons de loisir ou de « Réserves Naturelles », sortes de « réserves d’indiens » où, comme toutes les autres espèces animales ou végétales, loutres, orchidées et autres espèces sauvages servent d’alibi pour détruire ailleurs « en zone non labellisées ». La vraie Nature est réduite à quelques « mouchoirs de poche », à des « réserves d’indiens », en attendant qu’elle ne disparaisse comme les indiens.

De réunion en réunion au CSRPN, piégé par la satisfaction de rencontrer des membres sympathiques et intéressants, je repousse ma décision de quitter le CSRPN, en me disant « on ne quitte pas un navire qui coule ». Mais, à ce jour, je n’ai plus d’illusions : le navire de la protection de la nature n’est pas coulé, … il est échoué sur un banc de sable, … et je ne suis pas un remorqueur. La protection de la Nature en France : beaucoup de grands discours pour mettre de la peinture anti-rouille sur le bateau échoué, mais point de remorqueur pour le renflouer.  Excès de langage de ma part ? Non, il suffit de comparer les budgets destinés à l’environnement à ceux des stades : Dame Nature n’est rien face à Panem et Circenses ou à l’agro-business.

Rassurez-vous, je ne resterai pas devant des écrans. En fonction de mes compétences je serai sur le terrain selon les opportunités pour sauver une colonie de chiroptères dans un clocher ou un bunker, une station d’orchidées sur un parking de plage, loutres ou castors ici ou ailleurs, rassurer les élus que les chiroptères en Bretagne ne sont pas hématophages.

En espérant que ma position ne génère point d’incompréhension.

Au plaisir de vous retrouver sur le terrain.

X. Grémillet

(photo Rachel Kuhn)

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