Les « Contrats Nature » sont des dispositifs du Conseil Régional de Bretagne visant à financer des actions en faveur du patrimoine naturel. Les quatre années (2020 à 2023) du Contrat Nature « Mammifères menacés et à enjeux de connaissances » ont permis des avancées intéressantes dans la compréhension de l’écologie, de la génétique des populations et de la répartition de six espèces cibles : Campagnol amphibie, Crocidure leucode, Lérot, Muscardin, Hermine et Putois. De nombreuses nouvelles méthodes de détection ont également été testées. Nous vous proposons en quelques lignes un condensé des résultats obtenus lors de ces quatre années de programme.

Campagnol amphibie : Un des objectifs était de mieux cerner les capacités de dispersion de l’espèce. Une opération de radiopistage menée sur le bassin versant de la Lieue de Grève (site de la Réserve Naturelle Régionale de Plounérin) en 2021 a permis de conclure que le Campagnol amphibie, pour peu qu’il y soit obligé, possède de bonnes capacités de dispersion (1,6 km parcouru par un individu). Ces phases de dispersion engendrées par un dérangement exposent cependant les individus à un risque très important de prédation (chat, putois, rapaces,…). Les analyses génétiques pratiquées sur une cinquantaine d’individus de ce même bassin versant sur quatre sites différents suggèrent l’existence possible d’isolats génétiques temporaires sur les réseaux hydrographiques les plus isolés. Sur le bassin versant concerné (secteur très favorable à l’espèce), cet isolat temporaire n’est pas de nature à remettre en cause la pérennité de l’espèce. La situation génétique sur des bassins versants où l’espèce est présente en plus faible densité (haute Bretagne notamment) pourrait être plus préoccupante.
Crocidure leucode : Quatre nouvelles méthodes de détection ont été testées afin d’inventorier cette espèce menacée qui accuse un net recul géographique dans notre région. Les méthodes des tubes capteurs de crottes et de poils couplées à des analyses génétiques ainsi que l’utilisation de pièges photographiques à micromammifères sont les plus efficaces. Elles nous ont permis de lier ces observations avec des habitats, ce qui nous était impossible avec l’inventaire par l’analyse des pelotes de réjection de chouette effraie. Bien que les biais d’échantillonnage soient importants, les milieux humides (boisements et prairies) semblent constituer les habitats préférentiels de l’espèce en centre Bretagne.

Lérot : Le Lérot a également bénéficié de tests de méthodes de détection. Les enquêtes menées en porte à porte auprès des particuliers grâce à la diffusion d’outils de communications (plaquette, affiche et film) ou la sollicitation des réseaux naturalistes se sont avérées les plus efficaces et nous ont permis de multiplier par trois le nombre de données de Lérot collectées en Bretagne et Loire-Atlantique. Notre connaissance de sa répartition s’en trouve considérablement améliorée. En parallèle, des prélèvements et analyses génétiques ont été effectués sur 25 Lérots en Loire-Atlantique et Morbihan. Les résultats concluent à l’existence de deux lignées génétiques sur l’aire d’étude (une au nord et une au sud de la Loire) mais avec de nombreux cas d’individus présentant un niveau important d’admixture (mélange entre les 2 lignées). Les analyses suggèrent une bonne santé génétique des populations mais un besoin de compléter l’échantillonnage afin de confirmer ces premiers constats.

Muscardin : Pour le Muscardin, le même travail d’analyse génétique a été effectué dans 4 sites différents. La centaine de prélèvements de poils a été effectuée grâce à la capture d’individus dans des nichoirs déployés pendant toute la durée du programme. Les résultats sont moins rassurants que pour le Lérot avec des groupes génétiques très différents sans échanges génétiques entre eux et des diversités génétiques moyennes à mauvaises pour 3 des 4 sites échantillonnés. Comme pour le Lérot, ces résultats mériteraient d’être confortés par des prélèvements et analyses complémentaires.
Putois et Hermine : Les méthodes de détection testées pour ces deux espèces (pièges à empreintes et tubes capteurs de poils) se sont avérées peu efficaces. L’utilisation des pièges photographiques semble cependant plus prometteuse, notamment pour le Putois. L’implication de l’ensemble des bénévoles équipés de pièges photographiques en Bretagne pourrait nous permettre d’amorcer un suivi de cette espèce. Les faibles densités d’hermines dans notre région et sa probable raréfaction rendent sa détection complexe. Des méthodes d’inventaires performantes émaneront probablement d’autres régions françaises et notamment du groupe Petits carnivores de la SFEPM récemment constitué.
Merci ! Nous remercions nos partenaires financiers pour leur soutien ainsi que toutes les structures partenaires et les 85 observateurs qui se sont mobilisés tout au long de ce programme.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter les quatre rapports annuels du Contrat nature :
On ne s’arrête pas en si bon chemin : Une partie des actions développées dans le cadre de ce Contrat Nature se poursuivent dans le cadre du nouveau Contrat Nature « Petits Mammifères menacés du bocage et des zones humides ».
